
L’origine
Dans la mythologie celte, les héros parcourent les chemins de leur vie sans être trahis, trompés, détournés, séduits, transformés, tués …. par les dieux, comme dans les mythologies grecque, romaine, sumérienne. Ces héros, qui poursuivent leur idéal, ne sont pas des dieux mais ils ne sont pas non plus des hommes comme les autres, puisqu’ils ont accès à l’Autre Monde, et que leurs exploits sont hors de la portée d’un être humain.

Un peu de mythologie
La mythologie celte se retrouve dans la légende de Tristan et Yseult et lui donne son ampleur : l’idéal, l’amour, l’Autre Monde … qui nous animent toujours aujourd’hui.
Elle a d’abord été transmise oralement, on considère que le poème primitif général se situe entre 600 et 800 ap JC, dans une ère de culture avec des influences gaëliques et bretonnes, dans le territoire celto-picte de l’Ecosse méridionale.
Puis elle a été écrite par plusieurs auteurs aux XII° et XIII°. C’est à même époque qu’a été écrite la matière de Bretagne, cycle arthurien et cycle du Graal.
On n’y voit pas vraiment d’influences directes par d’autres narrations antérieures, il s’agit plutôt d’un héritage mythologique commun que l’on peut actuellement dire indo-européen. Celui-ci inclurait la branche celtique (ainsi la Poursuite de Diarmaid et Grainne, dérivé irlandais du poème primitif) aussi bien que la branche persane (Wis et Ramin). On retrouve des motifs identiques aussi dans de nombreux contes folkloriques..
Certains rapprochements ont été faits avec des récits persans, mais aussi avec des thèmes développés dans les textes antiques et les récits mythologiques : on a comparé la figure du Morholt et celle du Minotaure, l’évocation des deux voiles, blanche et noire, du bateau qui amène Yseult auprès de Tristan mourant rappelle la traversée de la mer Égée par Thésée après qu’il a réussi à sortir du labyrinthe…1

Les écrits
Les deux principaux textes du XIIe sont ceux de Béroul et de Thomas d’Angleterre, dont on trouve de bonnes versions dans Les poèmes français2
A partir de ces deux textes et de quelques autres Joseph Bédier3 a reconstitué une version « complète » en 1905.
De quoi s’agit-il ?
C’est l’histoire d’un amour radical, transcendant, qualificatifs bien plus intéressants que celui d’impossible, ou passionnel, souvent employés. Dans une société où le patriarcat ne semble pas encore solidement installé mais où la société est organisée, surveillée par les hommes, comme le font les barons à la cour du Roi Marc.

Le contexte historique a son importance
En ce XIIe siècle, en Europe, le culte de la Grande Mère a été petit à petit remplacé par le christianisme, mais il est encore bien présent dans l’inconscient collectif.
Cette légende est souvent connue pour le philtre que boivent Tristan et Yseult sur la mer et en effet c’est un élément majeur qui va influencer l’apparition de l’amour,
son évolution et la résolution pour Yseult et Tristan. Nous voyagerons entre Cornouailles, Irlande et Bretagne.
On parle du Roman de Tristan comme d’un immense poème de la forêt et de la mer
Nous irons vers des territoires symboliques, psychanalytiques et sociétaux
Nous y rencontrerons des fées, le Roi Arthur, des monstres …..
Au fur et à mesure des publications il sera beaucoup question d’amour, de l’être-ensemble, d’épreuves, de mort et de renaissance …….et aussi d’androgynat, d’individuation seul(e) et à deux, de transcendance ……
Et au XXe siècle, parmi les principaux auteurs pour commencer à nous accompagner :
Leonardo HINCAPIE
Pour lui le personnage d’Yseult est construit sur un très solide, très ancré, très vaste fond mythologique et folklorique. Il interprète la légende de Tristan et Yseult comme un conte de fées, avec un référentiel jungien
Michel CAZENAVE
Il a investi cette légende corps et âme et s’est dit tristanien
Le fil principal est celui d’une individuation qui se fait dans l’Eros féminin et de la tension qui se crée entre ce processus de différenciation imaginale et une société consciente qui repose avant tout sur des valeurs masculines.
Claude SAHEL
C’est une lecture transversale qu’il propose, en associant littérature, histoire médiévale, sociologie politique, psychanalyse et philosophie. Ces perspectives différentes convergent vers la mise à jour d’une esthétique originale de l’amour.
Quelques références
- D Queruel Les essentiels de la BnF ↩︎
- ristan et Iseut Les poèmes français La saga norroise Le livre de poche, 1989 ↩︎
- J Bédier Le roman de Tristan par Thomas Paris, Didot, 1902 (texte) et 1905 (introduction) ↩︎
Source image : BnF Essentiels
Sur ce sujet vous trouverez des éclairages dans le texte Eclairages sur le récit
L’homme et les dieux dans la mythologie
Contexte historique
Les différents textes
Catherine Rouaud audelà-d-yseult-et-tristan.com